Chaque fois que les liens familiaux se défaisaient, chaque fois qu'on se dressait contre son semblable, l'Histoire se répétait. Douloureusement, impitoyablement, dans un entre-soi subsaharien. La traite négrière était à inscrire au patrimoine tragique du genre humain. Parce qu'elle avait impliqué des régions différentes du monde. Parce que les bourreaux n'avaient pas été que d'un seul côté. Parce qu'elle était, à cette échelle-là, le premier crime contre l'humanité dont on ait gardé trace. Celui qui trop longtemps ignoré, avait engendré les autres. Une fois qu'on avait réduit des humains à cela, qu'hésiterait-on à commettre? Devant quoi reculerait-on? Aux quatre coins du monde on se surpasserait pour défier l'horreur. La zone subsaharienne du Continent était concernée au premier chef. Elle avait été la source unique du trafic. On ne s'étaient pas servi ailleurs. Et depuis, les rapports de cette région avec le reste du monde demeuraient les mêmes. Elle était le puits sans fond d'où les autres tiraient leur croissance. Et, comme par le passé, il se trouvait toujours une main autochtone pour participer au crime. Les soulèvements populaires observés çà et là, loin du regard de la Communauté internationale, ne venaient jamais à bout des régimes scélérats. Le mal venait de loin.
Léonora Miano, Les aubes écarlates. Sankofa cry. Plon, 2009.
Image : La photo de l'américain John Stanmeyer qui a remporté le World Press Photo 2013 *
Depuis quelques jours le titre de ce terrible « fait divers » circule dans la presse et les réseaux sociaux liés aux questions de droit d'asile et d'immigration.
Après vingt-cinq jours de voyage en mer et arrivés à Marseille le 10 décembre, deux jeunes guinéens font une demande d'asile qui leur est refusée par la Police Aux Frontières avec notification de refus d'entrée sur le territoire. Les deux jeunes hommes sont immédiatement remis dans un bateau qui est censé les ramener à leur point de départ. C'est en tentant de s'échapper à la nage qu'un des deux meurt par noyade, à l'entrée du port de Marseille.
Je repense à ce passage dans Pour la paix perpétuelle d’Emmanuel Kant : « Hospitalité signifie le droit qu’à un étranger arrivant sur le territoire d’un autre de ne pas être traité en ennemi par ce dernier [...], le droit qui revient à tout être humain de se proposer comme membre d’une société, en vertu du droit à la commune possession de la surface de la Terre, laquelle, étant une sphère, ne permet pas aux hommes de se disperser à l’infini, mais les contraint à supporter malgré tout leur propre coexistence, personne, n’ayant plus qu’un autre le droit de se trouver en un endroit quelconque de la terre ».
Je repense à ce passage de L'Intrus de Jean-Luc Nancy : « L'intrus s'introduit de force, en tous cas sans droit ni sans avoir d'abord été admis. Il faut qu'il y ait de l'intrus dans l'étranger, sans quoi il perd son étrangeté. S'il a déjà droit d'entrée et de séjour, s'il est attendu et reçu sans que rien de lui reste hors d'attente ni hors d'accueil, il n'est plus l'intrus, mais il n'est plus, non plus, l'étranger. Aussi n'est-il ni logiquement recevable, ni éthiquement admissible, d'exclure toute intrusion dans la venue de l'étranger. […] Accueillir l'étranger, il faut bien que ce soit aussi éprouver son intrusion. »
Je repense à La Blessure, le film de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval qui ne nous épargne ni le non respect par la Police des droits élémentaires des demandeurs d’asile, ni la violence qui accompagne les reconduites, ni l’errance qui sera le sort de ceux qui pourront finalement rester.
Je repense à Abasse NDione et son roman Mbëkë mi. A l’assaut des vagues de l’Atlantique. témoignage de ceux qui ne veulent pas être la variable d’ajustement dans leur pays mais qui ce faisant endossent le statut de damnés de la terre.
Combien de films, de livres, d’images faudra-t-il encore produire pour rendre insupportable le fait de mourir pour avoir refusé l’assignation à la misère?
La photo de l'américain John Stanmeyer, illuminée uniquement par le clair de lune et les écrans de téléphones portables, a été prise en février 2013 sur une plage de Djibouti, lieu de transit des migrants en provenance de la Somalie, de l'Éthiopie ou de l'Érythrée. La photo de John Stanmeyer «est connectée à tant d'autres sujets: elle ouvre la discussion au sujet des technologies, de la mondialisation, des migrations, de la pauvreté, de l'aliénation, d'humanité», a déclaré un membre du jury, Jillian Edelstein.
Video out now on www.Nowness.com #64bitsandmalachite
Before Tattoos and piercings, the Amasunzu hairstyle was the epitome of individuality in Rwanda. Mother always scolded my brothers into cutting off their hair once their beautiful coils started to sprout from the scalp. I think as a child, I bought into the ill-education that ‘’real men’’ should not grow out their hair. Dreadlocks were for the ‘’no good-doers’’ and one millimetre hair peaking on bold were for the ‘’focused’’, goal achievers. Guys, hair is really political. Why do we call our own hairstyles/customs pagan while giving foreigners the holy badge? Even though this look was worn during the pre-colonial times in Africa, to me, this look also reverberates into afro-futuristic elements that I completely adore.
All photos by Ihsaan Haffejee
Time is not a general framework but a provisional result of the connections among entities. Modern discipline has reassembled, hooked together, systematized the cohort of contemporary elements to hold it together and thus to eliminate those that do not belong to the system. This attempt has failed; it has always failed. There are no longer - has never been - anything but elements that elude the system, objects whose date and duration are uncertain. It is not only the Bedouins and the !Kung who mix up transistors and traditional behaviours, plastic buckets and animal-skin buckets. What country could not be called ‘a land of contrasts’?
Bruno Latour, We Have Never Been Modern (1991)
Breathtaking Photos of Witch Doctors and Healers Reveal the Spiritual Diversity of Bolivia
Premier voyage vers le soleil
Kiluanji Kia Henda
Portfolio • La Revue du Crieur
Icarus 13 est un projet de première importance pour l'Afrique. Grâce aux nouvelles technologies et outils ad hoc, nous avons fabriqué un vaisseau spatial qui nous aidera à développer notre savoir, notre créativité et notre imagination. Il a la capacité d'atterrir sur cette gigantesque étoile qu'est le Soleil, à condition de voyager de nuit. Le rêve autrefois formé par Icare est enfin devenu réalité.
La précarité est la condition que plusieurs nouveaux mouvements sociaux combattent. De tels mouvements ne tentent pas de dépasser l’interdépendance ni même la vulnérabilité quand ils combattent la précarité; ils tentent plutôt de produire les conditions dans lesquelles la vulnérabilité et l’interdépendance deviendront vivables. Il s’agit d’une politique dans laquelle l’action performative prend des formes incarnées et plurielles en attirant l’attention critique sur les conditions de survie corporelles et du bien-être dans le cadre d’une démocratie radicale. Si je dois vivre une vie bonne, ce sera une vie bonne vécue avec les autres, une vie qui ne serait pas une vie sans ces autres. Je ne perdrai pas ce moi que je suis ; qui que je sois, mon moi sera transformé par mes relations avec les autres, puisque ma dépendance à l’égard de l’autre, est l’essence même de cette dépendance sont nécessaires pour vivre et vivre bien. Notre exposition commune à la précarité constitue le terrain partagé d’une égalité potentielle et nos obligations réciproques de produire ensemble des conditions de vie vivables. En reconnaissant le besoin que nous avons les uns des autres, nous reconnaissons tout aussi bien les principes de base qui informent les conditions sociales, démocratiques de ce que nous pourrions continuer à appeler la "vie bonne". Ce sont les conditions critiques de la vie démocratique, au sens où elles appartiennent bien à la crise en cours mais aussi au sens où elles appartiennent à une forme de pensée et d’action qui répond aux urgences de notre temps.
Judith Butler, Qu'est-ce qu'une vie bonne?, Manuels Payot, 2014.
« De qui et de quoi sommes-nous les contemporains ? Et, avant tout, qu'est-ce que cela signifie, être contemporains ? »
Giorgio Agamben, Qu'est-ce que le contemporain?, Paris, Rivages, 2008.
Agbo Masquerade, Abeo, Itoko (1978) Vintage Nigeria
"Of whom and of what are we contemporaries? And, first and foremost, what does it mean to be contemporary?" Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain?, Paris, Rivages, 2008. Photo: Icarus 13, Kiluanji Kia Henda
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